
En Afrique, selon les pays, l’Islam est une religion majoritaire, ou minoritaire. Le continent Africain compte environ entre 800.000 et 880.000 musulmans, soit entre 50% et 60% de la population musulmane totale. Les deux pays musulmans les plus peuplés en Afrique sont l’Egypte, arabophone, et le Nigéria, non arabophone.
Pourtant, dans ce même Nigéria, les musulmans sont minoritaires. Représentant environ 45% de la population (ce qui représente quand même soixante millions de personnes), le Nigéria est typique d’un continent où de nombreux pays sont multi-religieux, et où l’Islam cohabite soit avec des religions chrétiennes, soit avec l’animisme, soit avec les deux.
Cette situation très particulière, qui s’explique par les différents modes de découverte de l’Islam par les populations (via la conquête après l’Hégire en Afrique du Nord, via les raids et les guerres pour les esclaves, comme dans la corne de l’Afrique, ou via le commerce, comme dans la plupart des pays d’Afrique Centrale et Australe), conduit à des situations où les rites musulmans se mélangent aux rites des autres religions.
En Afrique Noire, la polygamie, par exemple, sort du cadre de la pratique musulmane, et est adoptée par de nombreux hommes, principalement catholiques (rappelons qu’elle est aussi pratiquée, mais de façon normale, par les animistes). Ces petits « arrangements avec le ciel » désolent tout autant les tenants de l’orthodoxie de chaque camp, qui voient d’un mauvais oeil, pour les uns, des femmes musulmanes accepter d’épouser des chrétiens, et pour les autres, des chrétiens vivre en dehors d’un mariage religieux – bien que certains prêtres acceptent de bénir ces unions.
Une autre des spécificités de la conjonction entre Islam et Afrique est l’excision. Cette pratique qui est culturelle, et pré-islamique, n’est en aucun cas une prescription du Coran. Et quand il y fait allusion, le Prophète Mohamed (Paix et Bénédiction soient sur lui) tente plus de la limiter que la promouvoir. Le sens est clair « si il faut le faire, alors ne faisons pas plus que le strict minimum, pour ne pas priver la femme de la possibilité de jouir ».
On reconnait là le pragmatisme d’un homme d’état, qui fixe des limites à l’époque acceptables pour tous. L’excision totale et l’infibulation, tellement mutilantes, ne sont donc pas des pratiques islamiques. Elles sont héritées de religions beaucoup plus anciennes, et trouveraient leur origine dans l’Egypte des Pharaons. En tout cas, aujourd’hui, en Egypte, l’excision est aussi répandue chez les Coptes que chez les Musulmans.
Il est donc totalement erroné, et injuste, de faire grief de l’excision à l’Islam. Et aujourd’hui, dans de nombreux pays africains, la lutte contre l’excision passe par l’imam, dont l’autorité morale permet seule de lutter contre des millénaires de tradition, et la peur des familles de ne pas pouvoir marier leurs filles.
Enfin, le dernier aspect très particulier à l’Islam africain, c’est la généralisation du culte des Saints Hommes, ou « Marabouts ». Pour les pratiquants rigoureux, il s’agit d’une pratique d’idôlatrie. Elle est malheureusement très répandue, ainsi que les pratiques magiques qui vont avec.
L’augmentation du niveau de vie, et la généralisation de l’éducation qui va avec permettra aux Musulmans d’Afrique de mieux connaître leur religion et de quitter leurs erreurs.

Mosquée de Djenne, au Mali.
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